Le lycée Paul Gauguin héberge une classe au nom étrange d’ARTP FLE qui signifie Atelier de Remobilisation à Temps Plein en Français Langue étrangère. Pour faire simple, il s’agit d’un dispositif qui permet à des jeunes nouvellement arrivés en France de bénéficier pendant un an d’un apprentissage intensif de la langue française mais aussi des codes de la société et du système éducatif. Pour motiver ses élèves, leur professeure, Patricia Du Rieu, propose des défis stimulants. Cette année, son objectif est de conduire sa classe à Paris et de lui faire écrire un livre. Pour l’aider, une convention a été signée entre la SNCF et ACM Formation, l’association qui gère cette classe un peu particulière. A cette occasion, notre envoyé spécial a rencontré les responsables du projet.

Patricia Du Rieu, est professeur de français et coordinatrice de la classe ARTP FLE.

• Comment êtes-vous devenue professeur de cette classe ?
   Patricia Du Rieu : Avant j’ai travaillé en Pologne dans une université où j’enseignais aux futurs professeurs de français leur futur métier. Ensuite je suis arrivée en France et j’ai travaillé pour des élèves étrangers dans des collèges puis j’ai été recrutée par l’Inspection Académique pour m’occuper de cette classe.
• J’ai mené mon enquête et j’ai pu constater qu’il y avait une différence de statut entre les professeurs de cette classe et les autres du lycée. Vous ne seriez pas pris en charge par l’Education Nationale mais par une association. Je voulais savoir pourquoi.
   Patricia Du Rieu : Je travaille principalement avec l’association ACM Formation et j’ai un statut de formatrice linguistique. Dans le cadre de mon travail, je suis amenée à enseigner le français à différentes sorte de personnes et à ACM on m’a attribué les jeunes qui sont au lycée Paul Gauguin. Mais sur la même classe, je suis également employée par l’Education Nationale avec un statut de vacataire pour assurer la coordination pédagogique en faisant le lien entre les différents professeurs et mener des projets avec cette classe.
• Est-ce que vous êtes touchée par tous les parcours dont vous êtes le témoin ?
   Patricia Du Rieu : Bien sur puisque je viens moi-même d’une famille multi raciale, multi ethnique, multi culturelle que j’ai vécu l’immigration et que je sais très bien ce que ces jeunes vivent.

ACM comme "Accès aux Clés de la Modernité" est une association créée en février 1991. C’est un organisme de formation qui travaille sur tout ce qui est apprentissage linguistique, insertion sociale et professionnelle des populations en difficulté. Abderrahim Ghbabra en est le responsable. Il a accepté de répondre à quelques question.

• Est-ce que vous pouvez m’expliquer votre parcours ?
   Abderrahim Ghbabra : Je suis né et j’ai grandi au Maroc. J’y ai passé mon baccalauréat avant d’arriver ici, en France, pour faire mes études universitaires. J’ai fait dix ans d’études en finance et contrôle de gestion des organisations et après, j’ai commencé à travailler ici et je suis resté en France. Ça fait maintenant 34 ans que je vis en France.
• Quel est votre objectif avec ce dispositif qui met en place des choses aussi belles pour ceux qui arrivent en France ?
   Abderrahim Ghbabra : On essaie de leur donner leur chance parce que j’ai vécu des situations ici où j’ai vu qu’il fallait absolument croire dans la capacité de ces jeunes à être meilleurs et à trouver leur place dans la société française et ça passe par la langue, ça passe par l’apprentissage et, plus ils apprennent la langue, plus ils découvrent la société, plus ils chercheront leur place. On est donc dans une dynamique d’intégration citoyenne et ça, ça m’intéresse énormément.
• Merci beaucoup, on voit que vous êtes touché par le sujet et vous êtes un exemple pour ces jeunes qui arrivent en France et qui veulent tout simplement étudier.