Laurent animateur auprès de personnes âgées dépendantes
Article mis en ligne le 19 mai 2014
dernière modification le 25 mai 2014

par Aboubakri A TSPVL1

Laurent Chereau est animateur depuis 4 ans au Centre d’Accueil pour Personnes Agées du centre départemental Georges Daumezon qui se situe à Fleury les Aubrais. Il a participé, en 2012-2013 au projet Zig-Zag et, en 2013-2014 au projet La folie dans l’art avec les 1SPVL.

  • En quoi consiste votre travail dans cette structure ?
    - Laurent : Je suis animateur pour les résidents du CAPA soit soixante personnes. Ça consiste à créer un lien entre les personnes, les structures et les organismes. Il faut faire en sorte que les personnes puissent préserver leur autonomie le plus longtemps possible à travers différents ateliers, les faire se rencontrer et les faire adhérer à des projets comme celui qu’on vient de faire.
  • Vous êtes titulaire du BAFA ?
    - Laurent : Non, le BAFA c’est pas suffisant, il faut un diplôme professionnel. Moi, j’ai un BP JEPS (brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport)
  • Qui a eu l’idée de cette exposition ?
    - Laurent : Celle-là, c’est une idée du lycée, l’année dernière on avait fait un projet théâtre avec la même classe. On avait fait deux spectacles un ici et un au théâtre d’Orléans sur la mémoire. Notre public c’est Alzheimer en général et cette année le lycée nous a recontacté pour qu’on continue cette aventure qui dure.
  • Comment vous avez fait pour mettre ce projet en place ?
    - Laurent :Après, c’est de la stimulation. On va voir chaque personne parce qu’elles ne sont pas dans un esprit créatif. Ça s’amène tout doucement, ça dure sept mois un projet comme ça. Il faut du temps et on était en confiance parce qu’on connaissait la classe. Les personnes pour quelques unes d’entre elles reconnaissaient un peu les élèves. Après c’est difficile à vous expliquer parce qu’on est sur des pathologies où les personnes ne se souviennent pas de ce qu’elles ont fait avant. Donc à chaque fois, il faut rappeler, il faut re-stimuler. Il faut faire comme si c’était toujours nouveau.
  • Et c’est pas difficile d’être constamment en charge de ces personnes-là ?
    - Laurent : Ah non, c’est riche, c’est jamais pareil : on peut faire plusieurs fois la même activité avec les mêmes personnes et ça n’a jamais le même rendu. Ça marche, ça marche pas, ça rend jamais pareil. C’est tout le temps nouveau. Nouveau pour eux, pour moi aussi. On sait jamais comment ça va marcher. Donc, il faut trouver des nouvelles techniques pour les stimuler. C’est pas fait d’avance.
  • Les maladies qu’ont ces personnes est-ce qu’elles sont irréversibles ?
    - Laurent : Oui, c’est irréversible. C’est Alzheimer et on a quelques maladies psychiques comme la schizophrénie ou la bipolarité. Ensuite on a de la démence sénile : le cerveau qui vieillit, les facultés qui marchent moins donc ça ne revient jamais. Donc à travers ce travail là, on essaie de maintenir le plus longtemps possible leurs facultés cognitives.
  • J’ai le BAFA, je suis animateur moi aussi, mais auprès d’un autre public et je trouve ça fort de votre part d’être constamment avec des personnes, des être humains, qui ont des besoins énormes. Je sais que vous n’êtes pas le seul mais ça ne me laisse pas insensible. Moi aussi, j’ai pu m’occuper de personnes âgées, entre autres de mon père, et je sais que c’est difficile de voir, jour après jour, ces personnes dans la difficulté.

    - Laurent : Oui mais la vie continue. C’est ce qui me pousse à travailler, c’est que la vie continue. On va au théâtre. Ils ont besoin d’aller boire un verre pour certains. Tout ça, ça continue. On va toujours faire des courses pour nos activités : c’est la vie !
  • Qu’est-ce qui a fait que vous vous êtes dit « Bon, je vais me concentrer sur ce type de personnes-là ? »
    - J’ai travaillé en usine 25 ans et en parallèle, je m’occupais des jeunes au football. Pendant douze ans j’ai entraîné deux équipes une de quinze ans et une de dix-huit ans. Et suite à un accident, il a fallu que je change de métier. Comme je faisais dans le football, je me suis dit que j’allais encadrer les jeunes dans les quartiers. J’ai passé mon diplôme, à Sarcelle, et je suis allé travailler aux Salmoneries, à la Motte Beuvron au foyer des jeunes et un jour, j’ai rencontré le public des personnes âgées. Ce sont de vrais livres d’histoire, ils ont plein de choses à apporter. On leur donne mais ils renvoient beaucoup. C’est puissant. Ça ne s’explique pas, ça te touche. Au début, je voulais me consacrer aux « primo-délinquants » et d’un seul coup j’ai rencontré les vieux et c’est fini. Ça fait quatre ans que je fais ça et ça me plait beaucoup, surtout ici.
  • Est-ce que vous êtes sur un autre projet avec les SPVL ou un autre organisme ?
    - Oui, avec une crèche. On se voit deux fois par mois, un coup spectacle, un coup goûter ou sortie. On réfléchit à la façon dont on va continuer de travailler avec le lycée l’année prochaine et après on a un projet arts plastiques avec une école maternelle. Tout ça prend beaucoup de temps.
  • Cette exposition part du travail d’une artiste qui en centre hospitalier psychiatrique au Japon pourquoi ?
    - C’est un support pour amener les personnes à travailler. Cette idée permettait au lycée de mobiliser aussi les sections couture et pressing et pour nous c’était relativement simple et adaptable à la personne démente : on a un tampon et on fait des pois. Il faut suivre des formes mais c’est relativement simple et adapté on ne peut pas faire des choses trop compliquées non plus. C’est comme ça qu’on fait des projets bien que l’on ait réussi l’an dernier à faire du théâtre avec des personnes Alzheimer…