Le collège était devenu ma plus grande peur
Article mis en ligne le 6 février 2018
dernière modification le 4 avril 2018

par Melinda 2SPVL

Tout a commencé à mon entrée au collège. Comme tous les adolescents, j’avais de l’appréhension, mais j’étais heureuse de petit à petit quitter l’enfance pour entrer un peu plus dans le monde des adultes. Je n’ai pas confiance en moi, et ça, mes camarades l’ont très vite compris.

Le jour de la rentrée, j’étais seule alors que mes camarades faisaient connaissance, et enfin, une jeune fille s’est intéressée à moi. Elle était en 5ème. C’est la seule qui est venue me parler ce jour-là et je ne savais pas que ce serait le cas durant les 2 prochaines années.
Les jours passaient et rien ne changeait, jusqu’au jour où deux filles sont venues me parler. Elles avaient l’air énervé contre moi pourtant je ne les connaissais pas.
Elles m’impressionnaient et étaient tout le contraire de moi : sures d’elles et populaires. Elles m’ont reproché de leur avoir "volé" leur copine et m’ont dit qu’elles feraient de mon quotidien un enfer, puis elles sont parties. A ce moment-là, une boule au ventre me remplit l’estomac. Cette boule au ventre ne m’a plus quittée. Elles ont tenu parole. Très vite, ma vie est devenue un calvaire : coups, insultes, menaces, intimidations et violence.

Vous allez me dire :
- "Pourquoi n’en as-tu jamais parlé ?"
Hé bien, j’ai essayé, mais je me suis retrouvée encore une fois seule face à ma souffrance. CPE, surveillants, équipe pédagogique, personne n’a su écouter et comprendre ce que je vivais. Ils m’ont tous répété que c’étaient de simples histoires. J’ai donc décidé de me taire et de subir en silence. La seule que je pensais être mon amie savait et elle laissait faire en me disant que si je parlais, elle allait m’abandonner. Je pense que c’est aussi pour ça que j’ai décidé de ne rien dire. Tous les soirs, je m’endormais en pleurant, en pensant à ce que j’allais subir le lendemain. Je me sentais totalement incomprise, prise comme dans un tourbillon sans fin. Tout le monde s’en doutait et personne n’a agit. Je me demande encore pourquoi aujourd’hui car le harcèlement est quelque chose de grave. 1 enfant sur 10 est harcelé dans son établissement scolaire.

L’équipe enseignante a-t-elle vraiment les moyens d’agir ? Manque-t-elle d’informations ? Y-a-t’il vraiment assez de prévention ? Ont-ils vraiment conscience de ce qui se passe dans la cour de récréation, pendant les interclasses, à la cantine ?

Moi, j’ai su faire face. Mais certains n’ont pas cette chance, 40% des enfants harcelés pensent à la mort à l’école et passent à l’acte.
Pour que ça s’arrête, il faut en parler.
Cette épreuve m’a aidée malgré tout et m’a permis de me tourner vers les métiers du social. J’ai envie d’aider les autres. Aujourd’hui, je suis en Services de Proximité et Vie Locale et je participe à un projet pour lutter contre le harcèlement.