Carmen etape 1 : une scénographie évolutive
Article mis en ligne le 22 mai 2014
dernière modification le 31 décembre 2014

par Melissandre C TMM, Valencia G 1MM


Les élèves de CAP Vêtement Flou et de Bac Pro sont engagés depuis le printemps 2014 dans la création et la réalisation de costumes pour l’opéra Carmen qui sera joué sur la scène du Zénith d’Orléans en mars 2015. C’est un opéra collaboratif mis en œuvre par la Fabrique Opéra en associant artistes professionnels (musiciens, chanteurs, metteur en scène, techniciens) et des lycéens et apprentis travaillant à la création des décors, des costumes, des coiffures et des maquillages, mais aussi sur la communication et l’événementiel autour du projet . Pour cette première production orléanaise, les élèves travaillent en étroite collaboration avec Clément Joubert, le responsable du projet et son chef d’orchestre et Jean-Claude Cotillard, le metteur en scène. C’est aussi l’occasion pour différents établissements de se rencontrer.
Guenièvre, Marie, Mathilde et Roxane sont élèves au lycée Charles Peguy en BTS design Design d’espace. C’est un cursus qui regroupe plusieurs domaines comme l’architecture d’intérieur, le paysagisme ou encore la scénographie. Pendant trois mois, au printemps 2014, ces élèves ont travaillé sur le décor de l’opéra. A la rentrée, elles ont préparé la présentation de leur travail et ont accueillis très gentiment et guidés dans l’exposition les élèves de CAP Vêtement Flou et de Bac Pro Métiers de la Mode qui leur ont rendu visite le 18 septembre.
Au départ, on a travaillé par groupe sur quatre projets différents pour ensuite se rassembler sur une seule maquette. On savait que le metteur en scène, Jean-Claude Cotillard ne voulait absolument pas d’une Carmen traditionnelle ; donc, on s’est totalement détaché du rouge, des fleurs et de tout le folklore. Il voulait quelque chose de nouveau. On était très libre, on a exploré différentes options et on s’est inspiré du texte, on l’a beaucoup lu. Carmen est quelqu’un d’impulsif, qui change constamment alors, on a voulu un espace évolutif. On a envisagé des pans de tissus qui vont monter et descendre en interaction avec les acteurs. Une autre dimension était essentiellement pratique : on a proposé une pente avec des cubes modulables qui peuvent être déplacés sur la scène pour permettre un jeu d’acteur assez ample, et une fluidité de circulation : les acteurs peuvent déambuler sur la pente et entre les cubes. Il fallait aussi qu’il y ait un support pour permettre le jeu d’acteur, au moins une table même si ce n’est pas figuratif pour la scène de la taverne, des rochers pour la montagne. Les cubes modulables incrustés dans notre habillage de courbes pourront servir aux acteurs.
Carmen c’est aussi la fatalité, c’est elle qui va tomber amoureuse du sentiment même de tomber amoureux. Il y a un moment où elle va monter, monter, créer les évènements que l’on connait et elle va se retrouver bloquée en hauteur -comme on peut voir sur la maquette- et, c’est la fatalité, elle ne pourra plus que tomber. Cette scénographie insiste sur le destin. Dans le projet final, on voit une grande courbe montante qui représente à la fois la féminité et la fatalité. On a voulu souligner le caractère fort de Carmen à travers un bardage en bois qui se déstructurer au fur et à mesure. On avait surtout pensé à la fin de l’histoire, à la mort de Carmen et on voulait que ce soit en hauteur, que la prise de hauteur matérielle de la courbe puisse être en correspondance avec l’histoire. On voulait vraiment mettre de la symbolique dans l’espace scénique. La gradation permet en plus différents jeux d’acteurs, d’avoir des niveaux, des jeux de regards et du mouvement. On retrouve des détails de chacun des groupes. Notre seule restriction c’était qu’on devait utiliser le bois puisque après c’est un lycée spécialisé dans le bois qui va construire le décor. C’est ce qui explique que la pente est en bois. On a essayé de faire quelque chose d’un plus moderne que ce qu’on voit habituellement dans les opéras, quelque chose qui bouge d’où la pente qui va chercher l’orchestre, qui avance vers le public. Dans la continuité de la pente, il y aura une porte soit en bois, soit en textile ce qui permettrait des jeux de lumière. Elle serait plutôt blanche comme une voile de bateau, comme ça, on peut projeter de la lumière dessus mais aussi voir des ombres à travers ou de la fumée… on peut jouer avec. Les avis sont partagés sur le matériau dont sera faite cette porte et la décision n’a pas été encore tranchée. Affaire à suivre… »

  • Les élèves de BTS : C’est impressionnant le boulot que vous faites, vous aussi, il y a énormément de gens sur scène et vous vous réalisez en plus, vous ne faites pas qu’imaginer les costumes.
  • Les élèves de MM : On s’est réparti les tâches les terminales se chargent des solistes, les secondes et les premières des chœurs. En fait on a dessiné des vêtements mais comme on n’a pas encore rencontré les solistes, ça ne nous aide pas. On attend de les voir pour savoir s’il y aura des modifications à faire. Imaginez, si la personne est carrée d’épaules et qu’on dessine quelque chose qui les fait ressortir encore plus, c’est dommage.
  • Les BTS : Pour les solistes, vous avez imaginé quoi ?
  • Les MM : Pour Carmen, on part sur un dégradé de rouge, pour Michaella, c’est un chemisier écru avec un petit imprimé de fleurs style liberty et une jupe droite rose pale qui fait ressortir le côté sage du personnage.
  • Les BTS : C’est intéressant parce que vous avez vraiment dû vous approprier les personnages un par un.
  • Les MM : Oui, on a regardé le film pour connaître bien l’histoire. Mais on a eu beaucoup d’indications. On pensait qu’on allait pouvoir se libérer et faire ce que l’on voulait mais il y a beaucoup de choses qui n’ont pas été acceptées. On a été un peu déçues par ça.
  • Les BTS : Mais qui vous a dit ça ?
  • Les MM : Notre prof d’arts appliqués, Mme Richart-Vial, qui retransmettait les décisions. On va travailler aussi avec Mme Labedade qui est créatrice de vêtement et prof ici. On est plusieurs à avoir déjà travaillé avec elle pour des défilés quand on était en CAP.
  • Les BTS : Madame Labedade, elle est ouverte, allez-y proposez vos idées si vous expliquez bien, elle est toujours à fond !
  • Les BTS : Vous l’avez su quand que vous alliez participer ?
    En fin d’année dernière mais on a commencé que cette année. C’est assez compliqué comme projet en plus, deux jours après le spectacle, on a un défilé et juste après un mois d’examen qu’on appelle le projet 120 heures. Et si qui nous inquiète c’est qu’on va travailler sur Carmen, que le défilé est aussi sur le thème de l’opéra et notre 120 heures à nouveau sur Carmen. On a peur de ne plus avoir d’idées nouvelles pour notre projet bac.
  • Les BTS : ça va être sportif, il va falloir prendre de la distance pour arriver à tenir.